retour au journal du maquis

Lecteur,


Que tu fréquentes régulièrement le site ou que tu n'y sois arrivé qu'occasionnellement, nous avons deux petites choses à te dire aujourd'hui.

1.  Le lieutenant Vallier a jusqu'à maintenant tenu avec une certaine régularité son journal, au début jour après jour, ensuite il est vrai avec quelques périodes de relâchement. Ce rythme, parfaitement adéquat avec la consultation quotidienne du Web, va désormais changer, au fur et à mesure que le temps avance, en ce printemps 1944 et que l'espérance du débarquement, ou du moins de son annonce, est de jour en jour plus prégnante et sans cesse contrariée. Alors, écrire ? Pour quoi, pour qui ?

C'est aussi que personne ne commande aux événements, et qu'ils s'accélèrent parfois, avec l'irruption du drame ; ce temps, le temps de l'émotion, le temps de l'action, le temps nécessaire pour se retrouver (se reconstruire ?), n'est pas nécessairement celui de la narration quotidienne ; la période entre le 12 et le 20 juin en donnera le meilleur exemple.

Donc ce n'est pas parce que chaque jour n'apporte pas sa page du Journal du maquis qu'il faut que tu te décourages, lecteur, et que tu nous abandonnes en cours de route. La route, elle est encore longue jusqu'au débarquement, et aux combats autour de Collobrières et d'Hyères, et ce groupe en mouvement a encore des kilomètres à faire, et des montagnes à gravir ! Si soixante-deux ans après tu as encore envie de l'accompagner, sache qu'il n'est pas au bout du chemin.

2.  Dans un tout autre registre, soit par tes commentaires soit plutôt par des méls ou des appels adressés à l'un ou l'autre des auteurs du site, tu t'es souvent interrogé, lecteur, sur tel passage qui te paraissait obscur, sur telle précision que tu aurais aimée avoir pour bien comprendre ; une sorte d'appareil explicatif, fait de notes et d'ajouts, manquait, à tes yeux.

D'une part, la mise en place de l'environnement contextuel, dû à Jean-Marie Guillon, est aujourd'hui totalement éditée sur le site. C'est un élément essentiel de la compréhension globale de la période, mais aussi de l'articulation fine de toutes ces actions, de tous ces groupes et de toutes ces hiérarchies plus ou moins parallèles derrières lesquelles on pressent, quand on a le privilège de regarder un bon demi-siècle plus tard, les temps troublés de la Libération et de son après immédiat.

Mais cela ne suffit sans doute pas, et il est d'autre part apparu nécessaire de revisiter les épisodes du Journal du maquis déjà parus en ajoutant quand il le fallait l'appareil explicatif nécessaire ; c'est fait sous forme de notes, et pour l'essentiel, et sauf mention contraire, ces notes sont dues à Jean-Marie Guillon, le plus grand et le plus fin connaisseur de la période et de ses acteurs.

D'autre part le témoignage, direct et authentique, de Paul Raybaud, qui comptait parmi les chefs du maquis FTP, apporte un éclairage nécessaire, mais aussi si sensible, sur cette proximité que les conditions politiques de début 1944 empêchaient d'être plus qu'un cousinage (jusqu'à ce que le débarquement permette la fraternité des combats).

Voilà, lecteur, ce que nous souhaitions te dire, pour garder le plaisir de te voir fréquenter le site et de partager avec nous la connaissance et l'émotion.1

Un mot encore ; peut-être, pour "meubler" les longs silences de Vallier, te proposerons-nous d'autres paroles, d'autres témoignages, quelques passerelles entre 1944 et 2006 ; histoire que le Journal du maquis tienne, comme eût dit Hannah Arendt, sa place dans la "brèche entre le passé et le futur"2

1 - La nouvelle rubrique "table des matières" indique le jour des nouvelles parutions
2 - Hannah Arendt, Préface, in La crise de la culture, Gallimard, Folio Essais


J.-M. et C. Sivirine - 12 avril 2006

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